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En l'absence de l'éclairagiste
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Elle passait là, à quelques pas, tentante. A la sortie d'un petit bois, après un tournant. J'allais souvent la voir: barbelés, hauts miradors, entre deux rangées de clôtures: les patrouilles, les chiens, les projecteurs pour abolir la nuit, période de tous les dangers. Je la regardais avec le désir vif de la franchir, d'aller voir de l'autre coté, là où c'était sûrement mieux, mais interdit, inaccessible. Certains la traversaient clandestinement, par principe, pour exprimer leur liberté, le plus souvent possible, parfois même sans plaisir ni nécessité, malgré les risques.
Moi j'avais peur. Peur du gendarme, bien sur, mais aussi peur de transgresser, même si cela pouvait rester impuni, et finalement, peur de la culpabilité. J'ai alors décidé de lui tourner le dos. De l'autre coté du bois, je voyais le village, mes enfants qui couraient dans les rues, ma femme qui rentrait de la fontaine, étendait le linge. Je ne pensais plus que rarement à la frontière et aux bonheurs qu'elle cache.
Parfois, pourtant, j'observais en rêvant les nuages et les vols d'oiseaux, en provenance du pays voisin. Je les imaginais porteurs des messages de cet ailleurs. Il arrivait parfois que l'un d'eux, en me survolant, perde une plume et qu'elle tombe sur ma joue. J'en acceptais alors la douce et réconfortante caresse, en silence...
Puis un jour, la frontière a été détruite. Comme à Berlin le mur, elle est tombée. Mais au sol demeuraient ses traces: l'herbe usée par les pas des soldats, la terre trouée par les piquets des clôtures. Je me suis tenu là, devant ce vestige sans oser avancer, mes pieds résistaient, bloqués par un fantôme de frontière, une idée de frontière, plus puissante que n'importe quel barbelé.
Atteindre l'ailleurs n'était pas avancer.
Elle restait là, en moi, comme en chacun de nous, précise, nette, sauf dans l'inconscience nocturne. Elle ne s'est dissoute qu' au fil du temps, dans l'eau salée de ces larmes que trop souvent crispé sur la réalité, j'ai versées. Au bout de ce chemin là, j' ai fini par comprendre que depuis toujours j' étais d' ailleurs, de ce pays au delà de la frontière.
Alors je l'ai traversée, tout entier...
L'atteindre, c'était plonger.
J'y suis. Voilà, c' était possible, puisque j'y suis... Ailleurs...
B r u m e s
L'air du temps
le preneur de
son
Encore une histoire pour bercer ta nuit, petite fille. Ferme les yeux et écoute...
Il était, pour une fois, non pas une princesse, quoique, ne le sommes nous pas toutes, dans nos rêves? mais une fille comme toi, ou comme j'ai pu l'être moi. Un jour de grand automne, où le vent précipitait les feuilles vers leur chute, elle prit la fuite. Que fuyait elle ainsi? Une réelle difficile réalité? Ou seulement la dure vision d'un quotidien trop banal? Peu importe, si elle fuyait, c'est que pour elle c'était dur, et sa fuite était légitime. Mais au court de sa fugue, de chemins en sentiers, elle se perdit. La nuit tombait sur la forêt, alors qu'elle ne s'était pas encore retrouvée. Lorsque que le corbeau fut couché, lorsque le cerf eu terminé sa balade vespérale et que la lune se fut levée, elle s'endormit, épuisée, au pied d'un arbre accueillant. Le vent ne cessa pas cette nuit là , et le froid gelait la sève dans ses branches, aussi l'arbre laissa t' il tomber plus de feuilles que jamais. Au matin, un grand tas de feuilles mortes recouvrait et dissimulait la fugitive. Le froid , l'engourdissant, la rejoignant dans ses rêves, aurait pu prolonger trop longtemps son sommeil, si la forêt n' avait pas été enchantée... Ainsi, lorsque pour lutter contre le froid elle se mit à rêver de volcan, le cerf, qui inspectait son territoire dès le matin, souffla le feu tel un dragon, et embrasa doucement le tas de feuilles...
Telle est la fin, pour l'instant, pour ce soir... rêve la suite, petite fille, et raconte-la moi demain matin, sûre que sa beauté réchauffera mon automne et chassera la « brouillasse de Toussaint ». (6-10-04)
La chaleur réveilla le corps de la fugitive, elle ouvrit les yeux. Et non! Elle ne vit pas un prince charmant - décidément ce conte ne respectait rien- mais bien le cerf fantastique qui venait de souffler sur les feuilles. Il prit quand même la parole, et articula sans bramer: « que faites vous là, seule dans la forêt, à cette heure? ». « Je cherche mon aimé, je sais qu'il s'y trouve, mais la forêt est grande, je me suis perdue ». « Je peux vous aider à le retrouver, mais vous devrez surmonter trois épreuves. » « Ben voyons, c'est conforme à la tradition! Et que devrais-je faire? Vider la rivière avec une paille? Creuser un tunnel sous la montagne avec une cuillère à soupe?... ... « Cessez de persifler, je suis sérieux. Non, vous devrez apprendre à surmonter l'absence, l'attente et le silence, sans verser de larmes. » « Non! c'est pas juste, dit elle, rebelle, et lui? Que fait il pendant ce temps là? » Le cerf poussa un profond soupir et répondit « Il subit ses propres épreuves, croyez moi. »
Elle essaya longtemps de surmonter ces épreuves. Pour supporter l'absence elle s'absorbait dans le travail. Pour combler le silence, elle lui parlait, lui écrivait sans relâche. L'attente posait problème, elle lui semblait corrélée à l'espoir, en perdant la douleur de l'attente, il lui semblait perdre la passion. Elle s'en ouvrit un jour au cerf, qui veillait sur elle jour et nuit. « Je n'ai pas dit que vous deviez supprimer l'attente, pas plus que l'absence ou le silence, vous n'y pouvez rien, j'ai dit que vous deviez apprendre à les supporter sans larmes. » Répondit il. « Et... avez vous des nouvelles de celui que j'aime? Comment va t'il? » « Il va... il apprend lui aussi... » Elle cru voir, en cet instant, une lueur triste dans son regard.
Quelques jours passèrent sans larmes, comme chaque fois qu'elle parvenait à vivre dans les rêves, dans l'évocation de leur amour, dans l'espoir joyeux de leurs prochaines retrouvailles. Puis la douleur revenait, les doutes, les questions aussi. « Je dois constater que vous avez une nouvelle fois échoué, dit le cerf, navré, en la voyant pleurer. » « Pas du tout, ne voyez vous donc pas, que j'arrose cette pensée, que le soleil a desséchée? » Cette fois, elle cru voir le cerf sourire, avant de se pencher gueule ouverte vers la fleur. « Non! Ne la mangez pas! Je vous en prie! ». Trop tard... « Il faut parfois cesser d'être doux »; Dit-il, en forme d'excuse.
C'est alors que l'extraordinaire arriva. A peine la pensée avalée, le cerf se métamorphosa et reprit sa forme initiale: celle de l'homme que la fugueuse avait cherché dans la nuit. « Vois tu maintenant quelle était mon épreuve? dit il après leur premier baiser, te voir, là, jour et nuit, pleurer mon absence sous mes yeux, et être prisonnier de ce corps animal, sans pouvoir te toucher! » « Et en quoi cette pauvre fleur a t'elle rompu le sort? » « Parce qu'en trouvant un dérivatif à tes larmes, tu leur as donné une utilité . »
Le corbeau vint alors se poser sur la branche d'un arbre proche. « C'est donc la fille qui a rompu le sort, dit il, et toi tu as échoué » -« Pourquoi, qu'aurais je dû faire? » - « Si tu avais accepté plus tôt d'être moins doux, c'est toi qui l'aurais rompu, la fille serait alors devenue biche, et vous auriez eu la forêt pour royaume. Allez, va, regrette pas, au moins tu n'auras pas à craindre les chasseurs! »
Ils partirent alors vers la ville. A mesure qu'ils s'en approchaient, leurs mains se serraient plus fort. Là bas vivaient ceux qu'ils avaient fuit, ceux dont il leur faudrait se cacher. Jamais ils n'oublieraient leur aventure en forêt, et ils en rêveraient très fort, aux moments durs d'absence, de silence, d'attente...
6 et 9 novembre 2004
Scène 1:
Nuit, la lune diluée par le brouillard, les acteurs nagent dans le
jaune,
ils marchent proches l'un de l'autre, sur un sentier d'altitude,
sans pour autant se voir, ni s'entendre.
Si tu peux ne simuler la brume que par les éclairages, et éviter la
fumée artificielle, stp, ça fait tousser les acteurs.
Je te joints des extraits des dialogues, tu dois éclairer plus fortement
celui qui parle, et laisser juste deviner la silhouette de l'autre,
alternativement.
LUI:-Elle est là pourtant, presque à bout de doigts, il
me suffirait d'un pas, à tâtons...
Mais non, je ne fais rien, je ne bouge pas, et demain j'irai enterrer
mon chagrin au pied de mon poirier, pourquoi?
ELLE:-Ça s'est passé tout en douceur. Il m'a parlé, écrit. Ses mots se
sont insinués dans mes rêves, où je le portais déjà depuis longtemps. Il
y tenait le beau rôle, de sa tendresse, il me
consolait de la violence de l'existence. Ses mots ont germés, puis ils
ont pris corps dans ma vie.
LUI:-Il suffirait... que je confie aux ondes un poème, j'y pense... le
temps d'avoir peur, et je laisse une autre tâche, importante bien sur,
me rattraper, et le jour passe, comme les autres...
La lune se couche, baisse progressivement la lumière jaune.
ELLE:-Il s'est installé dans mon coeur. J'aime sentir sa main, son bras,
si proches, inaccessibles pourtant. Ma peur, ma pudeur... qu'est ce qui
m'arrête? Il suffirait que j'ose un geste pour
lui rendre ses caresses, il est là, proche,
au bout de mon bras... Mais non... je ne bouge pas... et demain je
pleurerai, seule, impuissante...
LUI:-Je pourrai téléphoner, entendre sa voix, lui dire deux mots
d'espoir, lui parler du quotidien comme d' un lien. J'ai des occasions,
que je laisse passer, je pense à elle, j'essaye d'imaginer ce qui fait
son instant, puis... l'occasion, rare, fugace, est passée, il faut
attendre la prochaine, et tout recommence...
Scène 2:
La lune est couchée, ce n'est pas encore l'aube, il fait nuit noire,
mais la brume se lève et découvre leurs jambes.
ELLE:-Je ne comprends pas son silence. Qu'ai-je fait? De quoi suis-je
coupable? J'espère ses mots que j'aimais tant, j'aime l'entendre, le
lire. J'ai besoin de sens, d'intensité, de faire exister notre lien
entre deux rencontres, concrètement, par des petits gestes , des
symboles, des mots...
LUI:-Je ne comprends pas ses peurs, ses reculs, ses manières de hérisson
et son absence d'initiatives. Elle est farouchement pudique, je crains
sans cesse de la choquer avec mes mots, mes gestes, mes désirs...
ELLE:-finalement... l'amour devrait peut être rester dans les rêves, là,
au chaud, il ne risque pas de faire mal, il peut s'épanouir dans toute
sa folie, dans toute sa liberté, le laisser vivre est un pari, qu'on
perd plus souvent qu'on ne gagne, que nous réserve cette aube? Que fera
t' elle de notre amour? Quoiqu'il arrive, il me restera les rêves,
personne ne me les prendra, et là, il pourra vivre par mes pensées,
toute ma tendresse, tous ses désirs de volcans...
LUI:-Ma confusion, j'ai peur de mes désirs, de mon envie de la
déshabiller d'un seul coup, de prendre son corps dans une étreinte
passionnément folle et violente, j'ai peur de la heurter, je dois garder
mes distances, m 'éloigner même, même... si je vois bien qu'elle en
souffre, en silence.
Scène 3:
Synchronise le lever du soleil, bleu, le soleil, oui, cherche pas ,c'est
comme ça, avec leur cri, la brume s'est encore un peu levée, leur corps
émergent à demi de la brume.
ENSEMBLE: (-Je t'aime !
(-Je t'aime !
(criant ensemble, ils ne se sont
pas entendus)
ELLE:-J'aime ses caresses, mais
me sens en dette de ne savoir les lui rendre, il me donne tant de
douceur, sans retour, qu'est ce qui bloque mes gestes et mes mots? La
pudeur de mes gestes bloque t' elle les siens? ... Et quand il se fait
silence, comment faire vivre un volcan dans le désert?
LUI:-Elle me donne son corps, ce don à sens unique me fait presque peur,
jusqu'où veut elle vraiment donner? J'ai peur de la forcer sans le
vouloir, qu'elle se force pour moi, je me sens en possession d'un
pouvoir de décision trop fort, elle m'a trop abandonné la direction de
notre route, je suis perdu.
ENSEMBLE: -Où es tu?
-Où es tu?
Scène 4:
Le jour se lève, le sentier de terre et d'herbe débouche sur une plage
de galets, au bout , la mer, tout est bleu, la brume a disparu, mais ils
sont éclairés à contre jour, les spectateurs sont éblouis et ne voient
donc encore que des silhouettes.
Ils se tiennent par la main, disent ensemble:
-Tu
m'aimes!
-Tu m'aimes!
ELLE:-Malgré l'absence, tes silences, je veux croire en ton amour.
LUI:-Malgré tes peurs, tes crispations, je veux croire en ton désir.
Scène finale:
Toujours éclairés à contre jour
Ils s'embrassent sur la plage, puis se tenant par la main, ils
s'enfoncent ensemble dans l'eau, comment pourrais tu figurer l'eau comme une brume épaisse dans laquelle
on les verrait par
transparence? Peut être là, utiliser la fumée, tant pis s'ils toussent,
c'est fini!
Novembre 2004
En l'absence de l'éclairagiste
Je plonge, je m'en vais dans un pays de contes et de chimères Je plonge , je m'en vais je ré-écris ma vie et mon mystère et je me tais Je plonge, je m'en vais je suis comme ça, que ça vous plaise ou pas Je plonge, je m'en vais je ne sais quand reviendrai et je me tais J'aimerais avoir un autre ennemi que moi-même!!
janvier 2005
Les morceaux, fragilement soudés,
dans un éclat de voix, se sont dispersés.
Du rejet, balle de plomb en plein coeur,
les mots refusés portèrent un temps la douleur.
Puis, par lent travail d'alchimie, leurs forces,
changèrent lentement nos regards,
firent lumière d'or sur nos vies, alors,
ont pu se rejoindre les morceaux épars.
Ces mots ne changeront rien,
mais ce sont eux qui nous portent,
poupées de chiffon que les vents emportent,
et nous reposent, tendrement, sur le bon chemin,
le notre.
cl, 30 janvier 2005
Depuis le jour où il y avait vu la pancarte annonçant la mort de ses voisins, il faisait le détour par la place de l'Europe pour éviter de passer dans le parc. Mais ce jour là, il avait laissé le chemin s'offrir à ses pas, février tenait sa promesse, il méditait dans la lumière du soir, sur le pont de bois rouge. Ses pensées s'attardèrent sur le pavillon de thé, aux cloisons mouvantes. Oui, sa vie était à cette image, il avait mis toute son énergie, tous ses espoirs, ses attentes, dans un seul lieu décloisonné,espérant y trouver aussi amitié et écoute. Il comprenait ce soir, qu'il était temps de tirer les cloisons. Su sitio, ses mots enrichis de ceux de ses exils, venaient au secours de sa pensée, remettaient chaque chose et chacun à sa place: il resterait l' humble ouvrier, obéissant et muet, que ses chefs appréciaient. Il leur garderait son affection, sa loyauté, mais resterait à l'abri de ses frontières secrètes: son lieu de travail, voué uniquement à l'action, et peuplé de camarades, sans plus, las qu'il était d'essuyer ses larmes avec ses doigts meurtris par les portes d'impossibles amitiés sur eux refermées. Pour ses mots, son envie de dire, il choisit une pièce avec une large fenêtre sur le lac, le pont rouge et le jardin de cerisiers en fleurs. La fenêtre n'était pas encore ouverte, juste timidement entrebâillée, mais les retours d'écho étaient encourageants. Il attendait le coup de vent qui ouvrirait la fenêtre en grand pour que ses mots partent vers leur vie, crier sa rage, offrir à d'autres sa vision d'autres chemins. Émois, quels sont tes devoirs? Pour l'élan de son coeur, de son corps, lavé de toute imbrication, de toute suspicion, il choisit la pièce donnant sur le jardin de pierres et le bouddha méditant. Large baie vitrée sur le soleil, où il irait en secret vivre la folie de ses sentiments. Au coeur de la maison, pièce sans fenêtre, mais aux cloisons translucides distillant une douce lumière, un lieu, son île, où recroqueviller cette fatigue à laquelle personne ne croit, ses larmes interdites, lorsqu' épuisé il charge tout de douleur. Le soleil se couchait, le gardien sifflait la fermeture du parc. Chaque jour, lorsque le soleil est au zénith, arrive le moment où s'écroule les mythes. L'astre de lumière n'est pas tout puissant, une fois au plus haut, il descend vers la nuit. Dans chaque vie, vient le jour où la neige nivelle toute honte, assourdit tout cri, blanchit toute douleur. Plusieurs étoiles à l'horizon de son chemin, ne valaient elles pas mieux que de tout brûler au feu d'un unique soleil? Nos yeux éblouis ne les voient pas, mais les étoiles brillent même le jour, tandis que l'orgueilleux soleil, la nuit, nous abandonne. Claire,24 février 2005
Silence de claire, mauvais temps? Doit on avoir une peur bleue de ce silence là? Silence de mort dit on... Qu'en pense le fragile escargot sans coquille? Qui tout le monde affole lorsqu'il se recroqueville Que voit il de si beau? Enfermé sur le balcon, il voit par la fenêtre, *1 parler les gens, battre son plein la fête, pauvre cinéma muet sans message Isolé près d'un étrange pavillon japonais vitré ils les regarde s'affairer, s'amuser, discuter, ombres chinoises colorées, discours muets des élus sans effet De ce brouhaha il n'entend rien que le bruit de la pendule coeur métronomique du temps qui lui rappelle , en le pressant que la vie est ailleurs *2 Il regrette le bruit des profondeurs, le flux, le reflux sourd de la marée, ou de ce sang de vie que pulse son coeur Il regrette le bruit des vagues le souffle du vent que sa coquille savait lui offrir si habilement Il regrette le bruit de la musique escargot d'eau cette émotion sans mot, ce partage, par delà les frontières du langage Mais quand enfin il sort de sa peur, sort une corne sensible, deux, écoute, l'une, l'un, l'autre, silence de ses mots laisse place aux vôtres Il s'habille alors d'une étrange coquille de mots, de partage, d'émotions et silences de vie, doucement, se font respiration. à Josette, Maleine et Pierre en écho à Gisèle cl, 11 Octobre 2005
Mon amour enfermé, je ne me rappelle plus pourquoi, dans une de ces
prisons que l'homme forge pour ses frères. Derrière des murs aux regards
blancs, aseptisés, mise au ban sanitaire? Ou réprimé par les barreaux
bleus nuit du pouvoir, pour avoir trop osé forcer la marche de nos
espoirs? Ou bien encore, pourquoi pas, simples liens de fidélité légale
et familiale, barbelés de moralité? Je ne sais plus, peu importe. Enfermé mon aimé, dans un scénario à la démesure de
ma résignation, pour le disculper, lui conserver intact mon amour, mon
désir entier. « Ils » l'ont enfermé, sans rien m'expliquer. Si je ne
peux plus l'embrasser, s'il ne peut serrer mon corps dans ses bras, la
faute leur en revient. Victimes tous les deux, lui dedans, moi dehors,
séparés. Pour ne plus pleurer, j'ai cessé d' espérer les rares
floraisons de notre désertique contrée. Je ne savais pas... Je ne savais pas, que par la brèche du mur entre
nous érigé, il me regardait. Ces mêmes mots il pensait, me voyait
enfermée, moi dedans, lui dehors. Patiemment, il attendait l'éclatement
de nos prisons, et qu'à
nouveau s'égaye d'étoiles, le ciel de notre été.
Claire, 21 juin 06
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